Le Grand Oral d'Emmanuel Macron
Gestion des préférences
Quelles seront vos priorités en matière de santé pour les 5 prochaines années ? Comment développer la prévention en santé ?
Dès après l’élection, nous lancerons une consultation nationale avec l’ensemble des parties prenantes pour bâtir des solutions en local avec un seul objectif : assurer l’accès aux soins pour tous et lutter contre les déserts médicaux. En matière de prévention, l’une de nos priorités sera de réduire les inégalités de santé à la racine, en donnant la priorité aux enfants. Un bilan de santé gratuit sera proposé à l’ensemble de nos concitoyens aux âges clés de la vie (25, 45 et 60 ans). Pour les enfants, nous mettrons en place des actions renforcées de détection précoce des écarts de développement (hyperactivité, dyslexie, obésité, …).
Quelle place doit avoir, selon vous, l’hôpital public dans le système de santé de demain ?
L’hôpital public est et doit rester un acteur incontournable du système de santé. Si nous avons tenu pendant la crise Covid, c’est notamment grâce au courage et l’engagement des soignants de nos hôpitaux publics que je salue ici. Le Ségur de la Santé a permis un investissement sans précédent de 19 Md€ (salaires et carrières, numérique en santé, investissements matériels) en faveur de l’hôpital. 1,5 million de professionnels des établissements de santé et des EHPAD ont bénéficié d’une revalorisation historique de leur rémunération (183 euros net en plus par mois en moyenne). Nous poursuivrons ce sauvetage dans les années à venir. Nous nous efforcerons aussi de mieux articuler médecine de ville et hôpital, en particulier pour le désengorger.
Les évolutions démographiques montrent que les besoins d’accompagnement du Grand Âge seront immenses à court et moyen terme. Quelle sera votre réponse à ce mur démographique ?
Notre population vieillit, et la manière dont sont accompagnés nos aînés inquiète légitimement nos concitoyens. Des fondations pour l’avenir ont été jetées avec la création d’une cinquième branche de la sécurité sociale pour financer l’autonomie des personnes âgées.
Parce que nos aînés doivent pouvoir choisir de rester chez eux aussi longtemps que possible, nous allons poursuivre et amplifier le virage domiciliaire. Afin de faciliter le quotidien, nous mettrons en place un interlocuteur unique pour organiser tous les services de maintien à domicile pour la personne âgée ou l’aidant, avec le concours des départements. Nous mettrons en place une « Prime Adapt’ » afin de couvrir jusqu’à 70% des coûts d’adaptation des logements de nos aînés qui en ont le plus besoin (escaliers, salle de bain, …). Nous avons revalorisé la rémunération des auxiliaires de vie au domicile ; nous devons désormais leur permettre de passer plus de temps auprès des personnes qu’elles accompagnent, et réduire les temps partiels. En parallèle, nous poursuivrons l’investissement dans nos EHPAD, pour une meilleure prise en charge au quotidien des résidents, en recrutant 50 000 infirmiers et aides-soignants supplémentaires d’ici 2027, soit 25 % de plus qu’aujourd’hui.
L’hôpital connait une crise d’attractivité et manque de professionnels, médecins comme soignants. Comment répondre durablement à cet enjeu ?
La crise du Covid l’a montré, les soignants veulent retrouver le sens de leur engagement, au quotidien. Il faut leur donner plus d’autonomie et de responsabilité dans leur activité et leur permettre de renouer avec le travail en équipe. Pour rendre l’hôpital plus humain, nous prévoyons un plan de recrutement d’infirmiers et d’aides-soignants et nous réduirons les charges administratives pour les soignants. Nous accorderons une place centrale aux médecins dans la gouvernance. Enfin, nous poursuivrons les réformes du mode de financement avec une meilleure prise en compte de la qualité du soin dans la tarification.
Nous voulons mieux articuler médecine de ville et hôpital. Cela veut dire améliorer la prise en charge du patient en ville grâce notamment au Service d’accès aux soins (SAS) et le développement de la permanence des soins ambulatoires (PSAD) pour soulager les urgences.
Les carences en matière de permanence des soins ambulatoires ou d’accès à un médecin libéral conduisent à un report de l’activité sur l’hôpital et accentuent les inégalités. Quelle(s) réponse(s) pour mieux organiser l’accès aux soins ?
Nous faisons de la coopération entre la ville et l’hôpital une priorité depuis 5 ans. Plusieurs outils ont déjà été développés, notamment les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui permettent de structurer le territoire au travers de réseaux de professionnels de santé regroupés autour d’un projet territorial de santé commun.
Dans ce cadre, nous simplifierons la mise en place des protocoles locaux de coopération en nous appuyant sur le triptyque médecin, pharmacien, infirmier, pour que ces deux derniers puissent réaliser davantage de prescriptions et d’actes de prévention. Le nouveau statut des praticiens hospitaliers va amener davantage de fluidité entre la ville et l’hôpital. En parallèle, nous mettrons à disposition de tous les Français un numéro santé permettant d’accéder, lorsque leur médecin traitant n’est pas disponible, à un service de soin dans les 48 heures si besoin.