La mise en place d’États généraux de la Santé dans les territoires à l’été 2022, sous le haut patronage du président de la République, doit permettre un travail collectif de lucidité sur les constats et de retenir des orientations très concrètes pour répondre aux enjeux. Ces orientations devront aboutir à un « Pacte pour l’accès aux soins de tous », auquel nous appelons.
Ces Etats Généraux, composés de professionnels de ville, de représentants d’usagers et du monde associatif, d’élus, de l’Assurance maladie et de représentants de l’ensemble du secteur de la santé, auront pour objet de penser l’accès aux soins à 1, 5 et 10 ans. Ils devront permettre de retenir une organisation claire pour atteindre, partout en France, une permanence des soins effective et la réduction drastique des déserts médicaux dans l’ensemble des spécialités médicales.
La télémédecine, les rémunérations des gardes et astreintes, l’enjeu de l’installation médicale et paramédicale, dans la perspective de garantir un minimum d’effecteurs de soins sur tous les territoires, y compris lors de la formation initiale des futurs professionnels de santé, seraient autant de sujets soumis à un débat ouvert, sans a priori, et où chaque acteur du secteur de la santé pourra s’exprimer librement.
Sur le fondement des conclusions de ces États Généraux, le président de la République prendrait des mesures d’application immédiate pour faire face à l’urgence en matière d’accès aux soins.
Au-delà de la méthode de concertation dans le cadre des États Généraux, il parait nécessaire de proposer sans attendre des mesures concrètes à mettre en œuvre pour répondre aux enjeux.
C’est pourquoi la FHF propose d’ores et déjà plusieurs mesures fortes, à la hauteur des défis.
Depuis 2002, la permanence des soins ambulatoires (PDSA), facultative, connait de plus en plus de difficultés. Selon l’enquête du Conseil de l’Ordre des médecins sur la PDSA sur l’année 2020, seuls 39,3% des médecins généralistes ont participé à la PDSA (38,9% en 2018 et 2019) et 35% des territoires de PDSA sont couverts par moins de 10 médecins volontaires, et 19% par moins de 5 médecins volontaires.
Aussi, il convient de réinstaurer une obligation de participation à la permanence des soins (PDS) dès 2023 quelle que soit la modalité d’exercice, afin de répondre aux besoins de santé de la population :
Dès la fin 2022, la FHF propose, après étude fine et concertation avec les professionnels, de mettre fin à la possibilité de s’installer en secteur 2 dans les zones dites surdenses, c’est à dire où la densité de médecins d’une spécialité donnée est supérieure de 25% à la moyenne nationale par bassin de vie.
Les inégalités de répartition de médecins spécialistes, variables selon les spécialités, sont parfois extrêmement importantes. Ainsi, en 2020, l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) relevait que les densités de médecins libéraux psychiatres variaient de 1 à 42 praticiens pour 100 000 habitants selon les territoires.
L’adéquation entre le nombre de médecins et le nombre d’habitants favorise aussi la pertinence de l’offre et des actes, à la fois en évitant le non-recours, qui peut s’avérer préjudiciable aux patients, mais également la surconsommation, préjudiciable pour les patients et les finances publiques.
Le service d’accès aux soins permet une orientation de la population en facilitant l’accès à distance à un professionnel de santé, par l’intermédiaire d’un numéro de téléphone dédié.
Conseils médicaux, téléconsultations, orientation vers des consultations non programmées en ville, vers un service d’urgence ou d’un SMUR, font partie du panel de réponses pouvant être données par le SAS, symbole d’un partenariat étroit et équilibré entre services de secours, médecins libéraux et SAMU.
La FHF propose d’assurer un maillage obligatoire du territoire en communautés professionnelles territoriales de Santé (CPTS), et de favoriser l’implantation des maisons de santé pluridisciplinaires.
En juillet 2020, l’Assurance maladie recensait plus de 500 CPTS en cours de déploiement et 1600 maisons de santé pluriprofessionnelles, majoritairement situées dans des zones sousdotées. En ce qui concerne les CPTS, leur nombre est donc deux fois moins important que ce que recommandait le Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie en 2018 (1000 CPTS d’ici 2022).
Pourtant, l’accès à des professionnels de santé, exerçant de façon coordonnée, est un atout pour les territoires et la réponse aux besoins de santé de leur population : donner accès à un médecin traitant, élaborer des protocoles pluriprofessionnels dans le cadre de pathologies chroniques et favoriser la coordination entre ville / hôpital / médicosocial, mutualiser des ressources, répondre aux demandes de soins non programmés, favoriser la prévention et une meilleure organisation des soins, permettre le maintien à domicile à l’heure du vieillissement de la population sont autant d’objectifs et d’actionsréalisés par ces structures.
Il est prioritaire de couvrir l’ensemble du territoire au plus vite, en rendant obligatoire l’inscription dans une CPTS de chaque professionnel libéral dans un projet de CPTS d’ici à fin 2023.
Faire de la télémédecine un outil du quotidien
Dès 2023, fixer un quota d’heures de télémédecine réalisées par les professionnels des zones sur denses dédiées à la couverture des besoins de santé publique prioritaires.
Les professionnels de santé installés dans des zones surdotées doivent pouvoir assurer un nombre d’heures hebdomadaires permettant de répondre aux besoins de santé de populations identifiées comme prioritaires (résidents en EHPAD, personnes en situation de handicap, etc.).
Soutenir le déploiement de nouveaux métiers à partir des pratiques avancées et des modes d’exercice mixtes entre la ville et l’hôpital
Accélérer le déploiement des infirmières de pratiques avancées (IPA) dédiées à la coordination et au suivi des parcours de soins pour les pathologies chroniques ; faciliter la généralisation des protocoles de coopérations expérimentés à l’échelle locale et ayant donné satisfaction.
Les nouveaux métiers tels que les infirmiers et infirmières de pratiques avancées sont un véritable atout pour la qualité des parcours de soins, permettent une réduction de la charge de travail des médecins sur certaines pathologies, et dans un cadre de travail interprofessionnel.
Identifier collectivement et formaliser à l’échelle du territoire les priorités de santé et inscrire l’organisation des filières de soin ville / hôpital dans le projet territorial de santé.
En effet, c’est à l’échelle du territoire de proximité que les acteurs du soin peuvent identifier les objectifs prioritaires de santé. Les nouveaux outils que constituent les hôpitaux de proximité et les CPTS doivent permettre de mieux coordonner la réponse aux besoins et de porter des projets ville / hôpital/ médicosocial contractualisés avec l’ARS.