Les écoles paramédicales, les formations universitaires des futurs praticiens hospitaliers, les formations d’adaptation à l’emploi des personnels administratifs, techniques et logistiques, et les organes de formation initiale et continue doivent se saisir de la transformation écologique pour adapter leur offre de formation et l’orienter vers une plus grande sensibilisation et professionnalisation afin de donner aux professionnels les clés et des exemples d’actions concrètes pour agir.
Les sociétés savantes se mobilisent de plus en plus, individuellement ou au sein du Collectif d’EcoResponsabilité En Santé (CERES). Il est primordial que les sociétés savantes d’hygiène hospitalière, de pharmacie clinique et de spécialités puissent s’accorder sur des pratiques soignantes et médicales en phase avec la transformation écologique de notre système de santé : remise en question de certaines pratiques recourant à l’usage unique, meilleur tri des déchets d’activité de soins (élimination non systématique en déchets d’activité de soins à risques infectieux, adaptation de la réglementation aux préconisations des sociétés savantes), fin de l’usage de certains gaz anesthésiants, pratiques d’hygiène des surfaces et des locaux plus vertueuses, études sur les dispositifs médicaux à usage unique, promotion de la conception écologique du soin…
Par ailleurs, la prévention mais aussi la pertinence des soins, au-delà de ses conséquences financières, revêtent une véritable dimension environnementale par une forme de sobriété du soin. Ces thématiques intègrent également des notions d’organisation, d’indication, de suivi et de coordination des différents acteurs de soins.
La pertinence des soins doit permettre d’améliorer les pratiques professionnelles afin de développer des soins de qualité et améliorer l’efficience globale de la prise en charge, adaptée, optimisée et centrée sur les attentes du patient. Pour cela, des indicateurs de qualité et de pertinence, incluant des critères sociaux et environnementaux, doivent être conçus et valorisés.
Les établissements sont à la recherche d’expériences et de pratiques pouvant être source d’idées, d’échanges et de gain de temps, afin que chacun n’ait pas à réinventer ce que d’autres ont pu déjà tenter voire réussir.
La FHF propose de créer une ressource documentaire en accès libre rassemblant :
Une fois adaptées à la structure, ces ressources peuvent s’intégrer, être réutilisées et fournir un matériau intellectuel riche permettant d’accélérer la transformation écologique des établissements
L’activité de soin, les investissements immobiliers, les achats de médicaments et de dispositifs médicaux, les achats de matériel biomédical, d’équipements hôteliers, logistiques et d’alimentation, font partie des nombreuses dépenses incompressibles des établissements de santé sur lesquelles ils n’ont pas toujours de prise. Il est pourtant possible et nécessaire d’améliorer comme de « verdir » la commande publique :
Les professionnels des établissements sont volontaires et demandeurs de nouvelles filières de tri mais la composition des matériaux des dispositifs médicaux ne permet pas toujours une valorisation ou un réemploi. Les fournisseurs doivent s’engager à faciliter une économie circulaire de leurs dispositifs, équipements et matériels, par exemple en limitant le nombre de matériaux composant les dispositifs médicaux et en facilitant leur dissociation.
Par ailleurs, les fournisseurs et prestataires, grâce notamment à l’influence et au poids des centrales et groupements d’achats, doivent s’engager à relocaliser au plus près les moyens de production et à respecter des critères environnementaux sur l’ensemble du cycle de vie du produit ou du service. Un approvisionnement, des modes de fabrication et une logistique plus responsable sur l’ensemble de la chaine permettrait en outre d’améliorer l’impact environnemental des biens et services vendus aux établissements : approvisionnements/matières premières, design et emballages, production/fabrication, livraison/distribution, SAV/retours, recyclage/fin de vie.
Enfin, dans le cadre de la commande publique, la communication des fiches de données environnementales et les résultats d’analyse du cycle de vie des produits devraient pouvoir être rendue obligatoire pour rendre l’offre recevable. Une méthodologie commune de mesure des impacts environnementaux des médicaments et dispositifs médicaux permettrait une analyse plus fine.
Au vu du poids des médicaments, des dispositifs médicaux et des équipements biomédicaux dans le bilan carbone des établissements (54% des 47 millions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre selon The Shift Project, 2021), il est nécessaire de mettre en place des groupes de travail sous l’autorité des ministères chargés de la Santé et de la Transition écologique associant experts du secteur, fournisseurs, sociétés savantes afin d’améliorer urgemment l’impact environnemental des produits et des chaines de distribution.
Une Conférence des parties (COP) nationale relative à la santé et à sa transformation écologique, menée par les ministères chargés de la Santé et de la Transition écologique, apparaît nécessaire pour permettre à tous les acteurs, et notamment les prestataires et fournisseurs, de s’exprimer et de s’engager sur les grands enjeux de la RSE : en particulier le soutien financier des pouvoirs publics à l’égard des établissements, ainsi que les achats, clé de voûte de ces enjeux et représentant pour les seuls hôpitaux publics 25 milliards d’euros.